dEUS. Un jour, on parlera peut-être du groupe (si ce n’est déjà fait) comme le plus grand de l’histoire de Belgique. Premier groupe belge (avec Channel Zero, sans doute) a avoir été reconnu internationalement, plus même que dans son propre pays, dEUS et ses multiples side-projects ont écrit le plus gros chapitre de l’histoire du rock en Belgique. Dead Man Ray, Zita Swoon, Vive la Fête, Magnus, Anyway The Wind Blows (le film du maître de dEUS, Tom Barman) ont tous connu un membre du groupe à un moment ou un autre.
Worst Case Scenario, In A Bar Under The Sea et The Ideal Crash sont tous trois des albums extraordinaires même si parfois inégaux, mais qui a permis à dEUS d’approcher le statut de groupe mythique, à la Radiohead.
Mais voilà, Tom Barman n’a pas l’air d’être quelqu’un de facile à vivre… Il y a certainement des raisons pour lesquelles les musiciens qui l’entourent ne restent jamais bien longtemps, et d’autres raisons qui ont fait qu’il a fallu attendre plus de six ans entre Ideal Crash et ce Pocket Revolution. Cette période a vu quasi la totalité du groupe partir, dont le guitariste écossais Craig Ward, remplacé par l’ex-Evil Superstars Mauro Pawlowski, une compilation de singles sortir, quelques festivals et beaucoup de doutes sur un nouvel album.
Pourtant le voilà, avec autant de questions que de réponses. La plus importante : est-ce le groupe (= Barman ?) peut de nouveau produire, après une si longue absence, un album du même calibre que Ideal Crash ? Évidemment, la réponse est non.
Malgré tout, ce long hiatus n’a pas été inutile. Les différents projets de Barman ont largement influencés PR, comme on peut entendre dans les passages teintés de soul et de jazz (un morceau s’appelle carrément Sun Ra). Peut-être motivé par l’attente, Barman n’a peur de rien, et sa voix est mise en avant quasi à chaque opportunité, comme en témoigne le premier morceau, commençant par un feedback lancinant et s’achevant par un crescendo qui pourrait rappeler Instant Street. Mais après 7 bonnes minutes, on commençait à s’ennuyer.
Le single 7 Days 7 Weeks est symptomatique : le morceau est calme, mélancolique, bien exécuté, mais finalement peu intéressant à la longue. La suite de l’album ne démentira hélas pas cette tendance : des musiciens compétents, un chef d’orchestre autoritaire, mais des morceaux en demi-teinte, comme si, finalement, l’album n’était pas terminé.
Oh, bien sûr, on retrouve des moments de brillance, comme le funk très Magnus de Cold Sun of Circumstance, ou la très belle ballade-comptine Include Me Out, mais on a l’impression que la motivation de faire un bon album n’était même pas là.
Le comble : deux morceaux (If You don’t Get What You Want et Nothing Really Ends) étaient déjà connus depuis des années (même si c’était dans des versions différentes), jusqu’à 5 ans pour ce dernier, déjà inclus dans leur maigre best of.