Lorsque Radiohead a sorti Kid A, la surprise fut énorme, vu l’absence quasi totale de guitares remplacées par des sons électroniques divers et variés. On avait attribué ce virage musical à Yorke et ses influences de l’époque : Autechre, Aphex Twin, tout le catalogue de Warp Records. Depuis, les guitares sont un peu revenues, et il semble que le prochain album du groupe (attendu quelque part en 2007, avec un petite preview lors du prochain Pukkelpop) sera moins électro. C’est peut-être pour cela que Yorke décide de sortir cet album, qui lui ressemble beaucoup.
On ne rira pas outre mesure en écoutant The Eraser et son climat suffocant, ses beats chirurgicaux, ses bidouillages sonores difficilement compréhensibles. On se demandera maintes fois ce que Yorke raconte, et puis on comprendra que s’il veut qu’on comprenne ses paroles, il en fait en sorte. Ainsi, le premier single, Harrowdown Hill (emmené par une ligne de basse qui définirait la carrière de n’importe quel producteur hip-hop) est basé sur la mort douteuse du docteur David Kelly, dans laquelle est mouillé l’ennemi juré de Yorke, Tony Blair.
Yorke et Godrich remplissent l’espace stéréophonique à la perfection. The Eraser, cousin du fabuleux Everything In Its Right Place (Kid A) en est un bon exemple. On retrouvera même une guitare (mais en est-ce vraiment une?) sur le magnifique Black Swan. Le tout forcément porté par la voix de Yorke, traitée comme un instrument à part entière.
En attendant le futur Radiohead, Thom Yorke continue sur la lancée de son groupe, en créant un nouveau chef d’oeuvre. Il ne plaira pas à tout le monde, on peut parier sans trop de risques que les anti-Kid A/Amnesiac passeront leur chemin. Mais ce serait louper une oeuvre majeure pour son compositeur, et un des albums de 2006.