Robert Pollard ne peut pas s’empêcher de sortir des albums, mois après mois, années après années. On pouvait peut-être croire que sa décision d’enterrer Guided By Voices allait le calmer, mais non, bien au contraire, car il sort ici ses cinquième et sixième albums de l’année, sous différents alias. On savait qu’il était un adorateur des Who, mais ici, les deux albums sont dédiés à deux facettes de sa personnalité, à savoir ses côtés Beatles et Stones. Concept intéressant, surtout à la sauce Pollard.
Non seulement il est incapable de s’arrêter d’enregistrer, mais il ne sait pas non plus réduire le nombre de morceaux sur ses albums. 33 au total ici, dont peu dépassent, comme d’habitude, les trois minutes. C’est Pollard : on trouve une mélodie, un riff, un truc ou deux, puis on passe vite au suivant. Coast To Coast Carpet Of Love, le disque « Beatles » donc, est plus proche de GbV que l’autre : des pop songs simples, directes, efficaces et peu produites. Le caractère Beatles, comme le Stones du suivant, est à prendre très relativement : mis à part quelques ambiances, comme dans Exactly What Words Mean, on a du mal à vraiment trouver le rapprochement. Il s’agit donc plus d’un état d’esprit qu’une véritable inspiration.
Ceci dit, on pourra sans doute préférer Standard Gargoyle Decisions, où Pollard n’hésite pas à sortir les guitares et les pédales, comme sur Psycho Inertia, par exemple. Il s’amuse aussi, en faisant un peu n’importe quoi avec sa voix, ou en expérimentant en distortions diverses et variées… Il arrive quand même à caler une ballade acoustique terriblement lo-fi à la fin, avant de finir avec sans doute le meilleur morceau du lot, Spider Eyes.
Sans édition, sans trop de réflexion, la logorrhée de Pollard ne semble pas vouloir s’arrêter. Même s’il faut parfois faire le tri, on préfèrera toujours ça à l’arrivée du jour où ce génie pop toujours méconnu se taira.