Ahhh, Coldplay… Quand on écrit du blabla sur des albums (« critique rock » c’est encore plus naze que « bloggeur » comme terme), on a forcément des a priori et des attentes. L’idée, et le but, est parfois de les transcender et de se remettre en question. Donc, j’essaie d’avoir l’esprit le plus vide possible avant d’écouter le quatrième album de Coldplay, groupe que j’appréciais un peu à l’époque du premier album, Parachutes (Don’t Panic est toujours un bon morceau), nettement moins à la sortie du dernier, X&Y. De plus, les rumeurs étaient, si pas prometteuses, au moins intéressantes : on parle d’album expérimental, rompant avec la tradition Coldplayienne d’inoffensifs morceaux d’ascenseur. La présence à la production de Brian Eno est une autre inconnue (quoique, en parlant d’ascenseur…).
J’ai essayé. Essayé de ne pas détester Coldplay, et je recommence à chaque album. Mais c’est impossible. Totalement impossible de supporter une heure, qui paraît une éternité, de morceaux sans aucune inspiration, répétitifs en diable, chantés avec la passion d’un lecteur d’annuaire téléphonique.
Oh, oui, c’est expérimental : Coldplay utilise des instruments moins traditionnels, notamment dans l’excellente intro Life In Technicolor. De même, ils rompent avec la tradition couplet/refrain/couplet. Mais si peu, trop peu. De toute façon, il n’y a pas grand chose à sauver : Chris Martin ne chante pas mal, mais ne provoque aucune émotion, rien du tout. Et il écrit mal, très mal. On va sans doute dire que je ne ferais pas mieux (litanie classique de fans à l’orgueil blessé), mais écoutez Cemeteries of London, vague histoire de pirates, d’océan, de sorcières et de malédictions. Manque plus que Jack Sparrow. Et si c’est Brian Eno qui a décidé de rajouter des claquements de mains après une minute trente, il devrait se retirer au plus vite, à la Syd Barrett. Après deux minutes de morceau, on en a déjà marre, et c’est très souvent le cas ici.
Coldplay aime U2, et donc Lost! sera leur Where The Streets Have No Name. Je suis très loin d’être fan de Bono et compagnie, mais au moins ils servent à quelque chose, ils ont une certaine légitimité. Coldplay est le groupe le plus inutile de notre époque. Ca n’empêchera pas d’entendre ce morceau partout, de docus sur animaux en détresse aux pubs pour l’Unicef.
42, autre morceau choisi, à classer sous « ballade pour gsm ». Un bon point pour la référence à Douglas Adams dans le titre, sinon, voilà : Radiohead fait Videotape, Coldplay 42. « Those who are dead / Are not dead / They’re just living in my head. » Si. Et pour finir, histoire de sonner, hmmm, rock, ils piquent aux Strokes le riff de Hard To Explain. Comme c’est malin. D’ailleurs, en parlant de piquer : Violet Hill ressemble tellement à Oasis que c’en est ironique. Au moins, pour The Scientist, ils piquaient aux morts (George Harrison). Mauvais, très mauvais, Viva machin est mauvais. Aussi mauvais que les titres, Lovers in Japan, Reign Of Love, I Love Gwyneth but We’re Still Probably Gonna Divorce Next Year, etc etc. Et pour la fameuse expérimentation, ok, si on considère que les claviers amenés par Brian Eno et qui datent de vingt ans sont innovateurs, alors oui, c’est expérimental. Expérimental comme un vendeur de fish and chips qui change d’huile. Il y a deux ans, j’ai vécu l’exposition Frida Kahlo à la Tate Modern de Londres. Ce fut une des expériences les plus intenses de ma vie, une telle passion, vie et mort traduites sur toile. Coldplay qui emprunte à Kahlo le nom d’une de ses plus fameuses oeuvres est une insulte à la création artistique. Coldplay, c’est de la musique pour ceux qui n’écoutent pas de musique, le degré zéro de la culture. Tout, mais pas ça.
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