Scars On Broadway – Scars On Broadway


Quand System Of A Down a sorti son double Mezmerize/Hypnotize, un élément s’est détaché immédiatement : la place prise par le guitariste Daron Malakian. Il était déjà le compositeur principal du groupe, et en tant que guitariste, il était aussi le principal compositeur, et donc responsable du son nouveau que SOAD a amené au mode du metal. Mais SOAD, c’était aussi la voix reconnaissable de Serj Tankian, et quand on s’est rendu compte que Malakian chantait autant, si pas plus, que Tankian, quelque chose ne tournait pas trop rond. De plus, le manque d’expérience (pour être sympa) de Malakian a sérieusement diminué l’impact de ces albums : en résumé, Malakian chantait trop, et mal.

Corollaire de tout cela, SOAD est parti en hiatus (genre At The Drive-In), Tankian sort un assez bon album solo, et c’est maintenant au tour de Daron Malakian de former son projet, aidé par le batteur de SOAD John Dolmayan. Scars On Broadway en est le – mauvais – nom, mais on commençait à avoir l’habitude des grosses limitations de Malakian niveau texte : le dernier SOAD ne volait pas très haut à ce point de vue-là, et ça ne s’arrange absolument pas ici. C’est dit, occupons-nous de la musique qui, de manière stupéfiante, ressemble… au dernier SOAD.

Non, vraiment : les quinze morceaux auraient tous pu se retrouver sur Mezmerize et Hypnotize. On dira peut-être qu’il y a un peu plus de claviers ici (Chemicals, le hammond de Kill Each Other/Live Forever), mais sinon, les changements de rythmes sont les mêmes, la guitare aussi (même si on se laisse parfois aller à des solos) et étrangement, Malakian s’essaie de temps en temps à des tankianismes vocaux. Là où Tankian, justement, ajoute pas mal d’élements de folklore arménien (ça vient de lui, donc), Malakian est plus carré. On regrettera justement le manque de variété de Scars On Broadway, dans les paroles (on pourrait parler d’autres choses que de drogues, de génocide et de suicide, une fois de temps en temps), mais aussi dans la musique. Certaines idées originales ne sont pas menées bien loin, comme le rythme faux-disco de Enemy, et certains morceaux sont trop mous (on se rappelle de Lonely Day? Mou comme ça).

Scars On Broadway fonctionne mieux que le dernier SOAD, sans doute parce que cette fois, on savait à quoi s’attendre. Malakian chante mieux, même si ce n’est pas son point fort, et maîtrise musicalement son sujet, certes sans trop de variations, mais il rappelle pourquoi System Of A Down fut un des groupes des plus innovateurs de ces dernières années. Il semble qu’on n’entendra plus parler de SOAD pour un petit bout de temps, surtout si Scars On Broadway connaît un certain succès. Tankian et Malakian ont, semble-t-il, trouvé leur voie, et il sera intéressant de voir comment ils vont envisager la suite de leurs carrières, séparément ou pas. En tout cas, chacun de leur côté, ils ne sont pas mal partis.

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