Tous les articles par Denis

The Coral – Nightfreak and the Sons of Becker

Trois ans et trois albums pour un groupe absolument hors norme : The Coral, 6 gars de Liverpool, 23 ans de moyenne d’âge, qui ont pris la presse musicale anglaise au dépourvu avec leurs deux premiers disques, pots pourris phénoménaux de 50 ans d’histoire du rock. The Coral et Magic and Medecine transpiraient le talent et la facilité, alliant mélodie et expérimentation pour en faire un produit fini assez indescriptible. Et voilà le digne successeur, plus long qu’un EP mais assez court pour un album (8 morceaux, 25 minutes),Nightfreak montre un côté (encore) plus aventureux mais toujours éclaboussé de cette classe et ce talent vraiment unique.

Les 8 morceaux sont tous intéressants mais on retiendra surtout l’apocalyptique Migraine (entendu en final de leur première partie de Blur l’an dernier), et e merveilleux Grey Harpoon, qui ne dépareillerait pas sur les meilleurs Beatles. Ce morceau est un excellent exemple du talent de Coral, la majorité des groupes tireraient la ligne mélodique en longueur, eux en font 2 minutes 30, pas plus… En fait, ils tueraient pour écrire Nightfreak.

Incubus – A Crow Left of the Murder

Incubus joue assez gros avec cet album, le 4ème déjà d’un groupe qui a éclaté aux yeux du grand public grâce au dernier album, Morning View (pas mauvais mais assez classique) et surtout grâce au torse du chanteur Brandon Boyd… Eh bien, un peu comme Blink-182 l’an dernier, Incubus réussit à surprendre avec un album d’excellente facture, d’une profondeur et d’une variété insoupçonnées chez le quintette californien. Emmené par l’imparable single Megalomaniac, A Crow Left Of The Murder continue sur d’excellents morceaux assez variés, et ne jouant pas outrageusement sur la puissance et le volume. La grande révélation est le guitariste Mike Einziger, dont la finesse sous-évaluée porte bien l’influence (revendiquée) de Björk et Massive Attack. On a donc des morceaux bien rythmés (Pistola), une ballade splendide (Southern Girl), ce qui est très rare, du post-punk bruitiste (Priceless), et une érudition lyriciste étonnante (Agoraphobia, et des citations de Philip K. Dick et George Orwell, entre autres). Peut-être un peu long, mais satisfaisant artistiquement de la part d’un groupe à la trajectoire vraiment étonnante.

Air – Talking Walkie

Troisième « vrai » album pour le duo français (après une série de collaborations et de projets divers, notamment la fabuleuse BO de Virgin Suicides), Talkie Walkie est annoncé comme plus proche de Moon Safari, premier album électro-kitsch que du plus aventureux (et plus Beatlesquement réussi) 10.000 Hz Legend. En fait, il se trouve plutôt entre les deux, plus formaté chanson mais toujours avec cette touche dreamelectro caractéristique du groupe. Quand ça marche, c’est splendide (Cherry Blossom Girl, Alone in Tokyo extrait du nouveau Sofia Coppola), sinon c’est assez ennuyeux, au minimum (Run).

L’album est donc assez moyen, et assez décevant de la part d’un groupe dont on pouvait attendre mieux. Maintenant, on peut s’attendre à des critiques dithyrambiques de la part de certains médias voulant à tout prix être crédibles, mais en vérité, ce n’est pas suffisant.

Rage Against The Machine – Live at the Grand Olympic Auditorium

Longtemps attendu, voici un témoignage live d’un des groupes les plus incendaires jamais vu sur scène. L’expérience de Rage live était inouïe, tant l’énergie et la force pure du groupe étaient vraiment impressionnantes. Le groupe a splitté il y a deux ans, formant d’un côté Audioslave, avec l’ex-chanteur de Soundgarden Chris Cornell; et de l’autre Zack De La Rocha, dont l’album solo ne devrait plus tarder à sortir.

En ce qui concerne cet album, la puissance légendaire de leur performance est un peu plus difficle à percevoir, même si le cd est un véritable brûlot de pur punk rock engagé. Les expériences guitaristiques de Tom Morello, la formidable section rythmique (voir Audioslave pour confirmation) et les vocaux particuliers et très habités de Zach sont en roue libre durant plus de 70 minutes durant lesquelles ont retrouve leurs morceaux les plus connus (Killing In The Name Of, Bombtrack, Bulls On Parade), des extraits du dernier album The Battle of L.A. (Sleep Now In The Fire, Guerrilla Radio) ainsi que des reprises bien senties (dont Kick Out The Jams, du MC5). Néanmoins, et c’était déjà le principal défaut de Rage, on ne peut s’empêcher de penser que les morceaux, aussi puissants sont-ils, se ressemblement quand même un peu tous. L’album possède aussi une vocation historique, car à l’instar du Under a Pale Grey Sky, de Sepultura, ce concert s’avéra être le tout dernier du groupe. En définitive, s’il existe a une manière de se souvenir de Rage Against the Machine, c’est bien celle-là. Le concert est aussi dispo en DVD, en version complète cette fois.

Slayer – Soundtrack to the Apocalypse

Les fans attendaient ça depuis très longtemps, et voilà enfin le boxset de Slayer, au nom évocateur et certainement pas usurpé. Qu’on aime ou pas, Slayer restera toujours un grand nom dans l’histoire du metal, et leur album Reign in Blood est un chef d’œuvre de violence et d’agression difficilement égalable. Le set est dispo en deux éditions, et la limitée vaut son pesant d’euros, 4 cd, un dvd, des extras (poster, photos, drapeau, packaging soigné) le tout emballé dans une (fausse) caisse de munitions qui colle bien à l’imagerie douteuse du groupe. Toutes considérations idéologiques mises à part, ce boxset est très riche : deux cd de matériel studio extraits des différents albums du groupe et complétés par des faces b et autres raretés, un troisième cd de morceaux très rares, comme des extraits de leur première tournée ou des démos originales et enfin un album live capté en 2002, avec le line-up original reconstitué. Le dvd quant à lui, est comparable au Cliff’ Em All de Metallica, en plus varié. En conclusion, les deux premiers cds sont inestimables si on n’a pas (ou qu’on ne veut pas se taper) l’intégrale de Slayer, même si il y a quand même quelques oublis. L’album de raretés n’intéressera que le fan, et l’album live souffre d’un son assez mauvais. Il aurait peut-être mieux valu sortir un double cd best of et un autre de raretés, pour que tout le monde y trouve son compte. Impression mitigée donc, mais le groupe n’est pas mis en cause.

Musicalement, c’est un autre problème. On ne parle pas ici du groupe le plus original, ni le plus subtil de l’histoire, mais bon, quelques uns de meilleurs morceaux metal sont dans cette boite, et c’est indéniable. Recommandable à petites doses, gare aux effets secondaires…