Archives de catégorie : Chroniques

The Vines – Winning Days

Oscar Wilde disait, « le talent emprunte, et le génie vole ». Les Vines empruntent, et volent carrément, mais de génie il n’y en a point. Comme le premier album, Winning Days est un mélange de plagiats de Nirvana (couplet calme, refrain fort) et des Beatles, période psyché. Ca pourrait encore passer si le Vine en chef, le très instable Craig Nicholls, n’avait pas une des pires voix de l’histoire du rock (et oui, ça inclut Chad Nickelback). Musicalement, ce n’est vraiment pas original, ni même bien joué, mais bon, ça va. Mais les ballades sont à chier, limite mauvaise country. Aucune évolution depuis le premier album, on a même l’impression d’avoir déjà entendu certains morceaux. Et pire, le meilleur, Ride, commence par une intro pompée à BRMC. Un hype de trop.

George Michael – Patience

On a l’impression que George Michael a toujours été là, pourtant, Patience n’est que son quatrième album solo. Cinq ans après le jazzy Older, George revient chez Sony, son ex-ennemi juré, pour un album qui serait sa toute dernière sortie commerciale (il aurait l’intention de distribuer sa musique via Internet, contre donations à diverses oeuvres de charité). Patience est plus varié que Older mais aussi plus personnel : les textes sont tellement intimes que l’auditeur en est presque gêné de partager les différentes étapes de la vie d’un homme à l’honnèteté remarquable : son enfance, ses amours contrariées, son identité religieuse, tout est abordé, forcément sans tabou.

Musicalement, Patience est très produit, très poli : pas un son est incontrôlé, les morceaux sont hyper travaillés, rien n’est laissé au hasard. Dominé par les ballades classiques, cet opus comprend aussi quelques morceaux dansants dont le raffinement fait souvent penser aux meilleurs Pet Shop Boys (Amazing, et le plus que jamais d’actualité Shoot The Dog). Mais c’est encore et toujours cette voix qui enchante. On peut penser ce qu’on veut de George Michael, il est absolument indéniable qu’il a une voix magnifique, capable de transcender n’importe quelle composition médiocre (ce qui n’est pas le cas de Patience, ceci dit).

Forcément, Patience souffre du défaut de ses qualités, et on peut quand même être tout à fait indifférent vis à vis d’un album parfait en soi, mais qui n’apporte strictement rien au monde. Difficile à juger, impossible à haïr, Patience est un album paradoxalement intéressant.

N.E.R.D. – Fly Or Die

Une des rares certitudes dans le monde musical actuel, c’est la suprématie absolue de Pharrell Williams, sans aucun doute le personnage le plus influent de la musique contemporaine. Des tonnes de tubes produits (Kelis, Justin, Britney, No Doubt, Snoop, Kravitz…) et une compile (pour la plupart excellente) Clones sous l’appellation Neptunes (Pharrell et son compère Chad Hugo, autre multi-instrumentaliste), quelques apparitions solo ou featurings et un « vrai » groupe, N.E.R.D. On y retrouve, outre Pharrell et Chad, le mystérieux Shay ainsi que le groupe funk-soul Spymob, et ce Fly Or Die fait suite au phénoménal In Search Of.

Dire qu’on attendait cet album est évident, et le groupe le sait. Au lieu de ressortir une copie conforme du premier, ils ont préféré innover, et le résultat est forcément difficilement classable. Rock, Funk, Rap, Hip-hop, violons, synthés, guitares (beaucoup), peu de styles ne se retrouvent pas sur cette plaque, aux influences multiples mais à l’innovation constante. Ne vous laissez pas tromper par le single She Wants To Move, un des deux morceaux plus faibles de l’album, ni sur la participation incompréhensible de deux abrutis de Good Charlotte ou encore sur la faiblesse des paroles.

Ceci dit, on a quand même l’impression que N.E.R.D. ne se foule pas trop, une impression de facilité, voire de dilettante flotte sur tout l’album, et on ne peut s’empêcher de penser qu’ils auraient pu faire l’album ultime si et seulement si ils l’avaient voulu. De toute façon, loin au dessus de la compétition.

Cypress Hill – Till Death Do Us Part

Cypress Hill est probablement, avec Beastie Boys, le plus vieux groupe hip-hop en activité. C’est sans doute aussi un des meilleurs. Leur septième album studio voit le groupe diminuer le volume sonore de leurs guitares (certains morceaux du précédent album étaient carrément hardcore, on a d’ailleurs vu Deviate jouer avec eux à l’AB) pour revenir à un hip-hop vintage assez sombre, ce qui a fait la marque de fabrique du groupe. La programmation de DJ Muggs n’a peut-être jamais été aussi bonne, accompagnée de guitares (quand même) ou de piano, classique Cypress Hill. Le groupe se permet même une incursion dans le ragga dancehall (histoire de montrer à Sean Paul comment c’est censé se faire) et invite Tim Rancid Armstrong pour le superbe single What’s Your Number? basé sur Guns of Brixton des Clash.

Un nouvel album indispensable, et qui pourrait carrément être leur meilleur.

Crackout – Oh No!

Second album pour ce jeune groupe anglais, qui a comme ambition de faire de la musique mélodique et énergique, en égales mesures, un peu comme Idlewild. Eh bien, il faut constater qu’ils ont atteint leur but, avec dix morceaux sautillants, et mélodiques, marqué par une utilisation intelligente des orgues, Hammond et autres.

Hélas, aucun morceau ne se détache vraiment du lot, et on peut quand même éprouver un certain ennui, suite aux écoutes répétées : les compos sont bien balancées, mais il manque le petit quelque chose que possède, justement, Idlewild. Ceci dit, belle évolution depuis un premier album trop brouillon (emmené par le single You Dumb Fuck). Vivement le troisième quand même.