Archives de catégorie : Chroniques

Weezer – Raditude

J’emprunte la formule à Drowned In Sound : Weezer est le pire groupe à avoir enregistré deux excellents albums. Leur premier album (sans titre, pochette bleue) et Pinkerton sont deux des tout meilleurs albums des années 90, le premier par son alliage parfaite entre pop song et ce qu’on appelait rock alternatif, et le second par ses complexités et la personnalité torturée du leader Rivers Cuomo. La suite? Deux albums par moments brillants (le sans-titre vert, Maladroit) et deux infâmies (Make Believe, le sans-titre rouge). On avait du mal à espérer quoi que ce soit d’un Weezer qui n’ a plus fait grand chose de bon depuis longtemps, et effectivement, on a bien ce dont on pensait. Voire pire.

Pourtant, le début passe pas trop mal. Comme premier extrait, If You’re Wondering If I Want You To (I Want You To) ne passe pas trop mal, disons qu’il passe mieux que ses horribles prédécesseurs Beverly Hills et Pork and Beans. The Girl Got Hot et I’m Your Daddy continue la nouvelle traditions des morceaux assez gras, mais bon, vu les attentes très basses, on s’y fait pas trop mal. Mais ce n’était que partie remise.
Cuomo, dans Pork And Beans, parlait de son envie de travailler avec Timbaland. Il ne l’a pas fait (pas plus mal, finalement) mais s’est reposé sur Jermaine Dupri, avec qui il a composé ce qui ne saurait pas ne pas être le pire morceau de Weezer, Can’t Stop Partying. Autotune, refrain débile, rap raté de Lil Wayne : j’ai entendu hier un morceau de David Guetta qui n’était pas pire. Cuomo a effectivement (ab)usé de co-compositeurs : outre Dupri sur deux morceaux, il a aussi écrit avec le producteur Jacknife Lee, Butch Walker ou deux All American Rejects. En fait, seuls trois morceaux sur dix n’ont pas eu d’apport extérieur, un ayant d’ailleurs été écrit par Pat Wilson, batteur depuis le début devenu guitariste (l’omniprésent Josh Freese prenant sa place derrière les futs). Pire : Love Is The Answer, un des morceaux de Cuomo, a d’abord été enregistré par Sugar Ray (SUGAR RAY!) avant de se retrouver ici. On se demande d’ailleurs ce qu’il y fait, avec son ambiance et voix stupidement bollywoodiennes.
Le reste de l’album n’arrange rien, et les festivités se terminent par une ballade bien naze. Enfin, ne se terminent pas forcément : comme d’habitude, Weezer a joué la carte de l’édition spéciale, ajoutant quatre morceaux tout aussi oubliables. Comme cet album, le troisième album nullissime consécutif de Weezer. Vraiment triste.

Foo Fighters – Greatest Hits

Dave Grohl pestait récemment contre l’obligation contractuelle de sortir un best of. Non seulement il pensait que c’était bien trop tôt, mais il regrette également ne pas avoir été consulté sur un tracklist qu’il juge faible. Force est de constater qu’il a pleinement raison, tant ce Greatest Hits est une insulte à ce que représente les Foo Fighters, et je ne suis même pas spécialement fan.

Le groupe existe depuis 1995, ou du moins de nom, vu que le premier album était un projet solo de Dave Grohl, alors ex-batteur de Nirvana. Quatorze ans après, six albums, une notoriété qui les a conduit à remplir le stade de Wembley… et un Greatest Hits de 12 morceaux connus? Oui, c’est carrément ridicule. L’album comprend, en gros, les douze morceaux les plus célèbres du groupe, un extrait du live Skin & Bones, une version acoustique (stellaire) d’Everlong et deux inédits médiocres, probablement raclés d’un fond de tiroir. Heureusement, on a du très bon, notamment les immenses Everlong et Monkey Wrench, mais on perd tout un pan du groupe, surtout le côté plutôt agressif/punky, ici, on se concentre sur les midtempos vaguement énervés, comme Times Like These ou l’aseptisé Long Road To Ruin. Le maladroit employé qui a compilé cette chose a aussi raté l’occasion d’inclure l’excellent (mais encore trop « violent ») The One sur un album.

Maintenant, que l’on ne s’y trompe pas : les Foo Fighters, aussi sympathiques puissent-ils être, ne seront jamais un grand groupe. Mais ils méritaient, et méritent toujours autre chose que ceci, une stupide opportunité mal fagotée de se faire du fric rapidement. Heureusement qu’on peut toujours faire confiance à Dave Grohl : le prochain album sur lequel il joue arrive dans quelques jours, et est sans doute le plus attendu de l’année…

Jemina Pearl – Break It Up

Bon, j’ai plein d’albums à chroniquer d’ici la fin de l’année, et j’ai la drôle d’idée de choisir celui-ci… Mais j’ai mes raisons. J’étais vraiment fan de Be Your Own Pet et de leur fabuleuse frontwoman Jemina Pearl, qui avait plus d’attitude punk que tout Orange County début des années 90. Leur « carrière » ne pouvait pas durer, et logiquement, Jemina se la joue solo, sur Ecstatic Peace, le label de Thurston Moore.

Comme on pouvait le craindre, c’est nettement, moins bien. Pearl chante mieux, mais oublie d’écrire des morceaux mémorables et surtout n’a plus aucune attitude. Alors, comme elle n’a pas les morceaux entraînants d’Avril Lavigne (pour cibler bas), elle se trouve complètement paumée, entre pop star pas assez pop et punkette trop clean. Tous les morceaux se ressemblent dans leur tempo, et même les guitares de Moore ne sauvent pas grand chose (Band on the Run, peut-être). Loin, bien loin de la folie impossible à prévoir de Be Your Own Pet. Le morceau le plus « hard » (le dernier!) serait le plus lent de BYOP, et même Iggy Pop ne sauve pas le navire. Paroles de teenager en détresse (sans aucun humour, cette fois), tempo à la Strokes (sans mélodie), etc etc, on s’ennuie vite et beaucoup. Bon, ce n’est pas non plus catastrophique, et la simple existence de Weezer fait que Break It Up ne saurait pas être le pire album de l’année. Mais il reste quand même, malgré le peu d’attentes, décevant. Heureusement, la discographie complète de Be Your Own Pet dure 1h30, et restera toujours disponible. De même, l’autre offshoot de BYOP, Turbo Fruits, est assez sympa.

PS : en relisant l’article, j’écoute Get Awkward, le dernier BYOP. Jemina, tu n’as aucune excuse pour pondre un album si mou.

Idlewild – Post Electric Blues

A chaque nouvel album d’Idlewild, la même rengaine. On attend, espère, une sorte de retour, non pas spécialement aux tout débuts punkoïdes, mais au moins à quelque chose d’aussi bon que le fantastique 100 Broken Windows, un des meilleurs albums UK de la décennie. Mais bien sûr, cela n’arrive jamais. Pour deux probables raisons : d’abord, parce que le groupe n’a pas la moindre envie de retourner dans le passé, et préfère explorer d’autres voies. Ensuite, malheureusement, parce que les nouveaux morceaux sont simplement moins pertinents. Et donc, à chaque fois, c’est la même chose. On écoute, sans être vraiment déçu : ce n’est jamais mauvais. Mais on se demande pourquoi on se remettrait à écouter l’album plus que les trois-quatre écoutes juste après sa sortie.

Ce qui est parfois dommage : Younger Than America voit une fois de plus Roddy Woomble adopter son ton de Michael Stipe des Highlands, cette fois aidé par un violon subtil et la voix de Heidi Talbot alors que Readers and Writers ajoute une trompette et un glockenspiel pour en faire un morceau au rythme étonnant. Un peu de nouveauté, mais rien de vraiment phénoménal. City Hall reste dans le registre alt-rock (trop) habituel, alors que quelques morceaux révèlent le côté plus folk du groupe.

Hélas, le milieu de l’album est franchement dispensable, ce qui réduit Post Electric Blues à quelques morceaux sympathiques, mais qui n’essaient même pas d’atteindre la brillance passée. Une fois de plus. Un album à écouter quelques fois, et puis à oublier. 100 Broken Windows, Hope is Important et même The Remote Part restent, quant à eux, indispensables.