Buckethead – Pepper’s Ghost

Figure culte parmi les guitaristes, Buckethead est un personnage, un vrai. De son vrai nom Brian Carroll, Buckethead est un personnage inventé de toutes pièces et qui se caractérise par son apparence physique : un masque de Jason (Halloween) et un seau Kentucky Fried Chicken sur la tête. Gimmick, évidemment, mais il est avant tout un guitariste absolument stupéfiant. Même s’il a déjà une longue carrière derrière lui (premier album en 1992), c’est sans aucun doute son bref passage au sein de Guns ‘N Roses (enfin, Axl Rose + musiciens) qui l’ont fait connaître d’un public plus large.

Plus au moins au même moment, le style de Buckethead est devenu plus formel, ce qui a rendu ses albums nettement plus écoutables par les non-spécialistes (et non-givrés). Depuis l’excellent Enter The Chicken (2005) sorti sur le label de Serj Tankian (qui y a d’ailleurs collaboré), Buckethead a pris un style (très) relativement classique, et son dernier album, Pepper’s Ghost, le magnifie.

Buckethead, en tant que guitariste, est difficilement classifiable : il ne tente pas à tout prix d’impressionner par de la technique, ou de la vitesse. Non, le songwriting est le principal aspect de sa musique, et même si Pepper’s Ghost est entièrement instrumental, on pourrait assez facilement en faire un album de groupe, avec des voix. Maintenant, quand je parle de technique, il est clair de Buckethead est un guitariste techniquement irréprochable. Magua’s Scalp est un exercice en shred phénoménal et du trash metal de la meilleure veine, mais il est suivi par Imprint, où la recherche mélodique est nettement plus importante. De même, les effets appliqués au son varient fortement, de la distortion crasse ou la clarté totale.

L’album est excellent de bout en bout, et pourrait même rajeunir un genre terni par la domination des dinosaures au sens technique avéré mais à l’âme souvent absente. Buckethead n’a évidemment pas la même approche que Malmsteen ou Vai, par exemple. Mais Bag Some Game pourrait quand même leur montrer un truc ou deux.

Enfin, je me dois de clôturer la chronique avec quelques mots sur les sorties de Buckethead : il sort deux ou trois albums solo par an, le prochain serait totalement acoustique, et il vend actuellement, via son site internet, un box de treize albums, entièrement inédits, dont les pochettes sont individuellement dessinées par l’artiste, et toutes différentes. Il en a déjà vendu un petit millier, à 200$ le set. Quand on vous dit que ce type vient d’ailleurs.

Linkin Park – Minutes To Midnight

C’est apparemment l’album de la maturité, pour Linkin Park. On le remarque tout de suite : ils ont l’air très sérieux sur les photos de presse, il y a moins de rap dans les morceaux, ils disent des gros mots, et parlent de la guerre en Irak. Un groupe qui tente d’évoluer, et de sortir d’un genre qu’ils ont aidé à populariser, c’est une bonne chose, c’est un acte courageux. Mais faut-il encore pouvoir assurer. Et passer d’un rapcore basique mais efficace à un emo pleurnicheur n’était pas la bonne solution.

Minutes To Midnight comprend quelques bonnes idées, dont des riffs bruts, mais l’exécution n’est pas évidente. Rick Rubin, l’homme qui produit trente mille albums par an, n’a sans doute pas accordé beaucoup d’importance à celui-ci : comment a-t-il pu laisser passer les faux claquements de mains qui rythment Given Up? Et quand on a un batteur, autant l’utiliser. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est que l’album est ennuyeux, et totalement oubliable, jusqu’aux ballades uberemo qui auraient du rester dans un tiroir. Et les solos de guitare de quatre notes.

Linkin Park a tenté de diversifier son son, et le résultat est pitoyable. Ils n’ont certes jamais volé plus haut que de la musique facilement consommables pour ados (de mauvais goût) en détresse, mais ils touchent ici le fond des bacs à cinq euros. Ce qui est déjà mieux que la suite de leur carrière, qui va probablement finir droit dans un mur. On en reparlera, ou pas, finalement.

Black Rebel Motorcycle Club – Baby 81

On a un peu oublié la majorité de ces groupes, qui, au début des années 00, ont formé ce qu’une certaine presse a appelé la nu rock revolution, sorte de revival garage certes dérivatif, mais parfois très inspiré. The Vines, The Datsuns, The Strokes, et j’en passe, ont tous connu des carrières fort différentes, et n’ont pas vraiment réussi à se faire connaître par leur diversité musicale. C’est sans doute les derniers cités qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu. Black Rebel Motocycle Club était compris dans ce groupe, même si leurs influences musicales étaient clairement différentes.

Après leur album éponyme, le second fut typiquement inférieur, ce qui a poussé le groupe à se réinventer sur Howl, où les guitares abrasives étaient remplacées par un ton très roots, une americana presque country. Assez naturellement, le quatrième album les voit fusionner leurs differents styles, avec toutefois un retour en puissances des six-cordes électrisées.

Et avec elles, le retour des énormes influences, soit Oasis, pour l’attitude, la voix et le sens de construction (et de la répétition), et surtout Jesus And Mary Chain. Les morceaux sont enveloppés dans des nappes de guitares, tantôt déterminantes, tantôt atmosphérique. On passe de la relative facilité immédiate (Need Some Air) à un futur extrait de la BO d’un Sofia Coppola (All You Do Is Talk, grandiose), en passant par l’étonnant Beatlesque Window. American X, tout au long de ses 9 minutes et 11 secondes (une coïncidence, paraît-il) constitue le morceau de bravoure d’un très bon album, d’un groupe qui ne semble pas accorder trop d’importance à la perfection : leurs quatre albums sont à prendre tels quels, et dans ce cas-ci, on prend sans problème.

Björk – Volta

L’Islandaise la plus connue au monde (ben oui) nous offre son sixième album, après un longue attente, comme de coutume. On annonçait un retour à une Björk plus accessible, plus dansante après l’avant-garde Vespertine et Medulla, qui ne comportait que des voix. Fatalement, elle prend tout le monde a contre-pied, pour un disque plein, mais certainement pas commercial.

Pourtant, le faiseur de hits US Timbaland est à la manette pour trois titres, mais alors qu’il a pu faire merveille pour, par exemple, Missy Elliott, on se rend vote compte qu’il est trop limité pour l’univers de Björk. Les bonnes intentions étaient là, mais elle n’est pas aussi malléable qu’on pu l’être Aaliyah ou Justin Timberlake. Les autres collaborateurs n’ont pas non plus beaucoup de place pour s’exprimer : le pipa de Min Xiao-Fen est bien trop discret. Reste Antony Hegarty (de & The Johnsons), dont les deux duos comptent parmi les meilleurs morceaux ici, surtout le long et intense Dull Flame Of Desire, rappellant un autre duo, celui avec Thom Yorke (sur Selmasongs). Les moments calmes sont rares, et c’est dommage : trop de drum n bass (oui, Mark Bell ne changera jamais), et trop d’acrobaties vocales finissent par fatiguer. Pneumonia est donc un morceau à savourer, tout comme, mais de manière totalement opposée, Declare Independence.

Etrangement politique, il demande clairement aux Iles Féroé et au Groenland de déclarer leur souveraineté sous un fond industriel qui aurait pu se retrouver sur le dernier Nine Inch Nails, si Trent Reznor avait poussé la logique sonore encore plus loin. Le meilleur morceau de l’album, le plus risqué et le plus potent.

Volta est inmanquablement un album de Björk. Ceux qui sont horripilés par l’Islandaise ne changeront pas d’opinion, les fans non plus. Entre les deux, on notera des recherches sonores intéressantes, mais en conclusion, un album inégal, pas vraiment abouti, et qui ne ramène pas la chanteuse à son meilleur niveau de la fin des années 90.

Le manifeste

Non, je ne crée pas autant de blogs que Mike Patton a de projets. C’est juste qu’après trois ans et demi de Music Box et neuf mois de RetroMusicBox, après des articles publiés dans RifRaf, et plus récemment sur Pinkushion, et quelques jours avant l’ouverture d’un nouveau webzine musical belge (on en reparlera), j’ai eu envie de créer une plateforme plus libre, sans toutefois délaisser les autres.

En effet, le format que j’ai imposé aux deux blogs est limité par nature au format chronique, et parfois, j’ai envie de sortir de ce schéma, pour parler (un peu) de tout et (beaucoup) de rien.

Voici donc Music Box Off, autrement dit tout ce qu’il y a côté de mes deux boîtes musicales.

Quel en sera le contenu? il n’y a pas de limites, on verra ce que j’aurai envie d’écrire… Mais j’ai déjà écrit un long article sur Rock Werchter, qui sera publié un peu plus tard, plus proche de la date du festival.

Enfin, ce blog sera moins régulièrement mis à jour que les autres, ce qui ne veut pas nécessairement dire moins souvent.

Voilà


This is my music box, this is my home. Since 2003.