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Pearl Jam Tour 07 : 1/4 London

Quelques jours après, voici donc ma review du concert de Pearl Jam à Londres, lundi 18.

Je suis arrivé à Londres lundi matin, et reparti mardi soir : tant qu’à faire, autant profiter le plus possible de l’endroit, qui est quand même ma ville préférée et un endroit que j’affectionne particulièrement.

J’ai commencé à faire la file environ 1h30 avant l’ouverture des portes, ce qui était nécessaire pour obtenir une bonne place. La fosse était d’ailleurs entièrement réservée aux membres du fan club de PJ, le Ten Club.

Il était donc probable que le show allait réserver quelques surprises, et effectivement, ce fut le cas, on y reviendra.

En première partie, on retrouvait Idlewild, qui, comme bien souvent dans ce genre de situation, a du composer avec un son pourri. Mais ce ne fut pas la seule raison de leur set assez médiocre : le setlist était assez peu inspiré, trop d’extraits du dernier album et pas assez de morceaux qui auraient pu/du mettre le feu à la salle. Et le chanteur Roddy Woomble, sorte de David Beckham anorexique errant comme Morrissey ne semblait pas concerné par ce qu’il foutait là, et c’est vraiment dommage.

Pearl Jam débuta leur set une bonne demi-heure après, et dès le début, avec la rareté Long Road, on savait qu’on allait assister à quelque chose de spécial, et ce fut un concert pour fans, avec peu de hits. Pas d’Even Flow, de Corduroy, de Jeremy, de Black, mais Indifference, Down, Green Disease, Faithful, Present Tense et surtout une version stellaire d’Immortality. Le second rappel aura été l’occasion, pour Ed Vedder, de rappeler ses sensibilités politiques, avec un enchaînement de quatre protest songs, dont la toute nouvelle No More.

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Près de 2h30 d’un concert éreintant, montrant un groupe au sommet de sa forme, avec une énergie inouïe et une envie de jouer que très peu de groupes majeurs possèdent. Voire carrément aucun.

Evidemment, le spectateur neutre pourrait regretter l’absence de morceaux connus, ou l’emphase faite sur la seconde moitié de la carrière du groupe. Mais les morceaux sont joués sont nullement inférieurs aux anciens, et de toute façon, il valait mieux ça qu’un soi disant grand groupe qui joue deux fois Vertigo, non?

Le pire, c’est qu’à ce moment-là, personne, ou presque, n’osait imaginer que trois jours après, le groupe allait surpasser ce moment de gloire, mais ce sera pour un peu plus tard…

Pearl Jam – No Code (1996)

Nécessairement, il faut se remettre dans le contexte. Pearl Jam, alors plus gros groupe du monde, vendait des albums par avions cargo (le second, Vs., a détenu le record de meilleure vente pour un second album), mais ne voulait pas que ça dure. En découla Vitalogy, pas vraiment anti-commercial mais bizarre et ambitieux. Les ventes commencèrent à décliner, et tout était mis en oeuvre pour que le groupe entame sa seconde vie, parfaitement exemplifiée par cet album, leur quatrième (Pearl Jam, le huitième, est sorti cette année).

Il est peu probable que le groupe aie délibérément voulu exclure une partie de son public par No code, même si c’est effectivement ce qui s’est passé : cet album est celui de la césure entre ceux qui sont restés (et qui suivent toujours le groupe aujourd’hui, dans des salles de 20 000 places partout dans le monde) et ceux qui ont laissé tomber, préférant les hymnes adolescents (Alive, Jeremy, et ce n’est pas une insulte) à l’évolution artistique et personnelle.

Dès le départ, on comprend que l’expérience No Code sera radicale. Á mille lieues du style plus agressif des précédents premiers morceaux (Once, Go et Last Exit), Sometimes ouvre l’album très calmement, comme une première occasion offerte à Eddie Vedder de montrer la vraie étendue de sa gamme vocale. Quelques minutes plus tard, on sursaute (vraiment), à cause des accords punk de Hail Hail, un des rares morceaux ici stylistiquement proches de Vitalogy. C’est aussi une des rares excursions en terrain connu : Who You Are (étonnant choix de single) et In My Tree (littéralement porté par la batterie tout en finesse de Jack Irons) n’ont vraiment plus rien à voir avec le grunge, qui est alors définitivement enterré. Pearl Jam se réclame d’un héritage musicale très varié, même si No Code est un album fortement américain (dans le sens americana, comme le prouve Smile, qui aurait pu être un morceau de Tom Petty, avec harmonica. La face A se termine en douceur, avec Off He Goes, ballade apaisante et chargée émotionnellement.

Le retour au (hard) rock se fait avec Habit et un peu plus loin Lukin, mais la face B est dominée par des morceaux innovants pour le Pearl Jam de 1996 : Red Mosquito, construit autour d’un jam blues et de paroles introverties mais pleines de sense (« If I had known then, what I know now »), l’exceptionnel Present Tense et son crescendo maîtrisé, pour ensuite conclure l’album avec un morceau expérimental (I’m Open) centré sur un spoken word de Vedder et une berceuse (si si), Around The Bend.

Évidemment, No Code a été, et est toujours, détesté par pas mal de fans de la première heure, qui n’ont d’ailleurs plus vraiment apprécié Pearl Jam depuis, vu que tout ce que le groupe a sorti depuis est influencé par cet album. No Code n’est sans doute pas leur meilleur album (mais je ne me risquerai pas à en sortir un du lot), mais c’est certainement leur plus important : sans lui, le groupe n’aurait jamais pu se sortir de la crise existentielle qu’ils vécurent à l’époque (et qui prendra encore quelques années pour se résoudre entièrement). No Code a fait grandir Pearl Jam, et les fans qui l’apprécient à sa juste valeur également.

Pearl Jam – Rearviewmirror (Greatest Hits 1991-2003)

Ca n’aura pas tardé. Quelques mois après que Pearl Jam ait annoncé son intention de ne pas prolonger le contrat avec Sony Music, ces derniers sortent le premier best of du groupe. Sans vraiment s’insurger contre cette sortie, le groupe n’a quand même fait aucune promotion, interview, ou concert pour la sortie de ce double album, ce qui est quand même significatif.

Compiler un best of de Pearl Jam est doublement difficile. Premièrement, le groupe a sorti un grand nombre de morceaux de qualités, sur albums, singles, BO ou compilations diverses ; ensuite, le groupe n’a sorti, en 14 ans de carrière, qu’une dizaine de singles et quatre clips (dont un seul entre 1992 et maintenant). Néanmoins, il faut dire que Sony a fait un bon boulot dans la sélection des morceaux, assez représentative. On pourrait juste reprocher un déséquilibre entre les différentes époques (plus de morceaux de leur début de carrière) et quelques oublis, mais Rearviewmirror est une bonne rampe de lancement pour découvrir le groupe, même si l’écoute de tous les albums et des quelques lives se révèle indispensable. Cet album-ci se divise en deux disques, le premier comprenant les morceaux plus rock (Alive à Save You), et le second les plus calmes (de Black à Man of The Hour, extrait de la BO de Big Fish, sorti l’an dernier). Enfin, on soulignera aussi l’absence d’inédits inutiles, quelques morceaux se trouvent néanmoins dans une version différente des albums (Alive, Black, Even Flow, State Of Love And Trust). Maintenant, est-ce qu’il faut acheter cet album ou pas et faire profiter une major des ventes de l’album pour un groupe qu’ils ont aimé sacrifier commercialement, je ne juge pas, mais si vous pouvez lire ces lignes, vous pouvez sans doute aussi trouver cet album quelque part…

Pearl Jam – Live At Benaroya Hall

Précisément le 291ème disque live (ce n’est pas une blague) sorti par Pearl Jam, LABH vaut définitivement le détour. Pressé et distribué sur leur propre label, ce qui semble devenir leur futur, ce double cd est annoncé comme acoustique. En fait, seul Mike McCready est parfois équipé d’une électrique, le groupe entier (6 membres) étant présent sur presque chaque morceau. Par rapport aux autres lives du groupe, tout aussi incontournables, LABH apporte encore plus de finesse, de doigté et d’émotion. McCready est extraordinaire, et la voix de Vedder est absolument inimitable. Le setlist est forcément surprenant, les auditeurs peu familiers du groupe seront surpris d’entrer quelques morceaux anciens en version assez différente, et comme toujours, le groupe a interprété quelques raretés, dont la première du single Man Of The Hour (BO de Big Fish), 25 Minutes To Go quelques jours après le décès de Johnny Cash et surtout le mentalement violent Masters of War, de Dylan.

Les non-connaisseurs pourraient s’ennuyer, mais les amateurs de musique (les 6 musiciens jouent à la perfection totale) apprécieront sans aucun doute.