Black Light Burns – Cruel Melody

Pas vraiment la peine de faire des blagues sur Limp Bizkit, leur pathétique vocaliste et leurs très mauvais derniers albums. Mais pour ceux qui ne seraient pas au courant, leurs deux premiers étaient généralement acceptables, en immense partie grâce au guitariste, Wes Borland, qui a inventé un son personnel, proche de la tendance nu-metal tout en s’en différenciant clairement. Son éclaboussait les premiers morceaux de Limp Bizkit : comme John Frusciante, Borland était bien meilleur que le groupe dans lequel il se trouvait.

Après une dispute myspacienne avec Fred Durst, Borland a (semble-t il définitivement) claqué la porte de Limp Bizkit, pour se concentrer sur un projet solo qu’il prépare depuis de nombreuses années. Tout d’abord sous le pseudo Big Dumb Face, dont l’hilarant album Duke Lion Fights The Terror valait bien une écoute ; ensuite en tant que Eat The Day. Ce dernier projet n’a jamais vu le jour, à cause du fait que Borland n’a pas pu trouver un vocaliste qui convienne. Il a donc décidé de se charger lui-même des voix, et de fonder ce nouveau projet : Black Light Burns, signé sur le nouveau label de Ross Robinson, I AM : WOLFPACK.

Mesopotamia montre d’emblée que Borland n’a plus grand chose à voir avec son ancien groupe : au contraire, il semble tirer une partie de son inspiration chez Trent Reznor, comme on le verra encore plus loin. Étrangement, la voix de Borland est aussi comparable à Reznor, ce qui rend Animal assez étonnant, on se croirait presque sur un bon morceau de With Teeth, et ailleurs, on se prend à imaginer ce que serait Nine Inch Nails avec le retour des guitares.

Les talents de guitariste de Borland sont mis en évidence, mais ce n’est nullement un album pour guitariste. Ce sont des morceaux de groupe, et ce dernier est plus que compétent : il comprend quand même Danny Lohner et l’énorme Josh Freese, qui démolit encore tout sur son passage à la batterie. On peut trouver des rapports avec Limp Bizkit, ce qui est logique, Borland ayant été leur principal compositeur. Mais les riffs et breaks nu-metal (enfin, façon de parler) sont employés à bon escient, et pas par pure ambition commerciale. Mark, par exemple, aurait pu être utilisé sur Significant Other, même si l’autre abruti aurait tout ruiné avec son rap inepte. Mais la composante electro (voir Stop A Bullet) éloigne définitivement Borland de ses anciens travaux. L’album se termine sur des morceaux plus expérimentaux, mais tout aussi intéressants, jusqu’au quasi ambient Iodine Sky.

L’album est assez dense, comme si Wes Borland voulait truffer ses morceaux de sons divers et variés, et ainsi prouver ses talents en tant que songwriter et vocaliste. C’est fait, car il semble que Cruel Melody ressemble vraiment à Borland : tourné vers le futur, sans renier le passé. Et un guitariste qui sait chanter, c’est suffisamment rare pour être souligné. Cruel Melody est donc un début encourageant, même si un tout petit peu dérivatif, d’un artiste qui a choisi la voie la plus difficile, mais en ce faisant, pourrait en trouver une, de voix.

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