La sortie de ONoffON, en 2004, marquait la réunion d’un autre groupe quasi-mythique, les ténors du post-punk US Mission of Burma. Apparemment, ils ont décidé de continuer comme un groupe « normal », et deux ans après arrive The Obliterati. Et alors que, par exemple, Pixies ne sortiront pas (en tout cas jusqu’à nouvel ordre) de nouvel album, par peur de décevoir, Mission of Burma livre sans doute leur meilleur album, rien que ça.
Tout au long de l’album, Conley, Miller et compagnie jouent comme s’ils avaient encore quelque chose à prouver, avec une batterie psychotique, une basse qui fait imploser le cerveau de millions de fans de Franz Ferdinand dans le monde, et évidemment l’attaque de la guitare de Roger Miller, qui sonne aussi urgente qu’elle ne l’a jamais été. Chaotique mais maîtrisé (par Bob Weston, de Shellac), le troisième album de MoB en 24 ans (mais le second en trois ans) regorge de riffs imparables (Spider’s Web), d’effets sonores bruyants (1001 Pleasant Dreams, et son fond Jesus And Mary Chain vs Sonic Youth), de morceaux plus calmes (13) ou encore d’un (fantastique) instrumental appelé The Mute Speaks Out. On notera aussi que la manipulation sonore de Weston est entièrement analogique, effectuée au moyen de simples cassettes audio.
Tout aussi remarquable est l’évolution du message transmis par le groupe, plus introverti que dans le passé tout en collant à l’actualité, et à une thématique aussi left-wing que leur musique.
Évidemment, tout cela ne sonne pas très moderne, et si MoB était un nouveau groupe, ils seraient peut-être passés inaperçus. Des musiciens quarantenaires qui valent encore quelque chose, ça ne court pas les rues, d’où la révérence qui les entoure, même si elle est matériellement méritée.
De toute façon, un groupe qui appelle un morceau Donna Sumeria et qui cite I Feel Love au milieu de celui-ci mérite un éternel respect