Un gros cliché : l’album ne ressemble à rien de connu, à rien de déjà entendu. Tout simplement. Il n’y a pas trop d’électro comme on l’entend habituellement, les instruments traditionnels sont joués live, mais sont ensuite reprogrammés. C’est d’autant plus impressionnant pour la batterie, souvent multi-trackée (Stanier tient des rythmes absolument époustouflants), et pour les voix, souvent déformées au point de sonner comme Roger Troutman sous hélium.
Les morceaux, généralement longs, se déroulent petit à petit, en retournant souvent vers une sorte de fil rouge mélodique, qui rentre par les oreilles et n’en sort plus. Je suppose que c’est donc techniquement pop, comme musique. Mais l’emballage est tellement bizarre, que, oui, finalement, le concept de groupe rock du futur est assez alléchant.
Il suffit d’écouter Atlas, premier extrait de l’album, pour s’en rendre compte. Le morceau est sévèrement dingue, passe par un crescendo impressionnant avant de se conclure par une sorte de résumé des six minutes précédentes. Mais on reste accroché, grâce à une recherche mélodique au moins égale à la technique mise en place. Ddiamondd est encore plus barré, riffs électriques, basse vrombissante, et voix de chimpanzé sous LSD.
Finalement, au fur et à mesure, on finit par trouver des points de repère, comme la troupe expérimentale Animal Collective, ou les différentes guises de Mike Patton, jamais le dernier quand il s’agit de faire des choses bizarres avec sa voix. Certains passages font d’ailleurs penser à l’esprit de Fantômas. Un petit bémol : le milieu de l’album se perd un peu en exercices de style, faits de ralentissements et d’accélérations techniquement parfaits mais peut-être difficiles à digérer. Heureusement, la fin reprend le niveau du début, avec les mélodies de fête foraine de Tij et l’outro Race:Out, qui conclut cet étrange mais ô combien enrichissant voyage.
L’album n’est pas parfait : le milieu de l’album est dispensable, et le groupe n’a pas encore assez d’atouts et de diversité à proposer. Mais Mirrored est d’une originalité sans bornes, et comme premier album, plein de promesses. Certainement un des albums de l’année, on verra si c’est vraiment la musique du futur. En tout cas, c’est aussi celle du présent.