Les grosses machines ont un peu boudé 2007. En attendant REM, U2 et Metallica pour 2008, on a quand même eu Nine Inch Nails et le très électro Year Zero, Foo Fighters avec un album très, euh, Foo Fighters et Queens Of The Stone Age, qui, a défaut se se rapprocher de l’extraordinaire brillance de Songs For The Deaf, essaie de se renouveler, avec un certain succès. Jack & Meg White, quant à eux, ont repris leur panoplie de Page/Plant/Mo Tucker pour un album incendiaire, le plus intense de leur discographie déjà très riche. On notera aussi un très bel album de Ben Harper, dont l’émotivité à fleur de peau se rapproche de plus en plus d’un Elliott Smith, dont la compilation de raretés New Moon est aussi très recommandable. Pearl Jam étant en pause méritée après une superbe tournée européenne, Eddie Vedder transforme avec brio son premier essai cinématographique : la BO du dernier Sean Penn, Into The Wild. Déjà nominé aux Golden Globes, Ed pourrait enfiler un smoking et aller chanter aux Oscars. Dans un même registre folk/qui vient du coeur, And, de Jonah Matranga, est une réussite totale : l’ancienne légende de la scène hardcore de Sacramento démontre sa sensibilité et ses talents de songwriter.
La surprise/découverte de l’année? Battles, sans aucun doute. Formé autour de l’ex-Tomahawk/Helmet John Stanier, Battles est un nouveau groupe de rock. Ou plutôt un groupe de nouveau rock. Un rock trafiqué, loopé, filtré mais qui reste organique et très intéressant. Ils détiennent le futur entre leurs mains, et on peut leur faire confiance. On citera aussi Reuben, pas une découverte en soi mais un trésor caché d’un groupe qui restera sans doute maudit toute sa carrière. À l’inverse, les deux albums de Korn auront déçu. Untitled est parfois décent, mais le Unplugged pousse très loin la barre du ridicule absolu. Heureusement que Unsane et Down étaient là pour lever bien haut l’étendard du metal gras qui tache et qui fait plein de bruit. Down qui prouve d’ailleurs que Phil Anselmo est un des plus grands vocalistes de tous les temps, même si on ne peut pas s’empêcher de penser à un certain gâchis. Toujours dans le registre métallique, Serj Tankian nous a présenté Elect The Dead, premier album solo entre SOAD et Danny Elfman, et débarassé de l’embarassante présence de Daron Malakian. Inclassable, Oceansize impressionne encore et toujours, avec l’implacable Frames. On notera aussi l’ovni bruyant Pyramids.
J’aurai aussi, à titre personnel, découvert l’impressionnante scène punk française, gravitant autour de Guerilla Productions. Dolorès Riposte, Justin(e) et surtout Guerilla Poubelle sont les principaux représentants d’un mouvement qui n’a rien à envie à son vieil ancètre californien, Punk=Existentialisme valant bien les meilleurs Bad Religion. Et toujours dans l’hexagone, j’ai été conquis par le live de Daft Punk, qui transcende les albums studio pour en faire la plus grande fête de l’univers.
On a aussi beaucoup parlé de nouvelles technologies et de téléchargement, avec, entre autres, une loi française très sarkozyste, la fermeture illégale et finalement pathétique du plus grand tracker musical BitTorrent et, surtout, les entreprises de Trent Reznor et Radiohead. L’avenir nous dira si c’est vraiment la voie du futur, mais on va vers la bonne direction, celle où les artistes, et leur art peuvent enfin être considérés.
Mais évidemment, c’est In Rainbows qui a surpris et conquis 2007. On savait que Radiohead avait terminé l’album, et allait bien finir par le sortir, mais avoir l’annonce officielle dix jours avant sa sortie, c’était absolument inouï. On passera bien vite sur les quelques ratés inhérentes à une entreprise si novatrice pour retenir que l’album lui-même est splendide, plus un pas sur le côté qu’une évolution à la Kid A, mais avec quelques morceaux magnifiques.
Je n’ai absolument pas la prétention de parler de tout ce qui était bien en 2007, je vais encore découvrir plein d’albums dont j’aurais du parler, et tant mieux, d’ailleurs. Cette collection d’albums est très loin d’être exhaustive, mais je comptais simplement développer un peu plus que d’habitude, et sortir du carcan des longues listes impersonnelles. Oh, et pour la question qui serait fatalement tombée, mon album préféré de 2007? Beyond ou Lust Lust Lust, selon les jours. Sans doute Beyond, en fait.
Bonnes fêtes, ne gaspillez pas, et à l’année prochaine.