Je n’aime pas les best of pour plein de raisons, notamment parce que je préfère écouter les albums entièrement, ou du moins en contexte. Ils peuvent quand même être appréciables, comme la récente compile de Blur le prouve. Ici, not so much. On le sait, Incubus a progressivement changé de style, délaissant leur funk/rap/light metal de leurs débuts vers une consensualisation tout de même parfois appréciable. Ce phénomène, connu sous de non de redhotchilipepperisation est assez fréquent, et ne dure généralement pas longtemps, le groupe finissant par imploser ou, plus souvent, tomber dans l’oubli le plus total. Avant donc qu’on les oublie, Incubus sort un double best of totalement à côté de la plaque.
Ok, Incubus méprise leurs deux premiers albums, mais S.C.I.E.N.C.E. est assez souvent considéré comme étant leur meilleur : ne pas inclure un seul morceau est une stupidité sans nom. Et les albums suivants souffrent aussi : pas de Just a Phase, ni de Circles, ni de Sick Sad Little World, par exemple. Par contre, on doit se taper les jérémiades pseudo-sentimentales de Brandon Boyd, qui devient de plus en plus insupportable avec l’âge. « Love hurts, and sometimes it’s the good hurt. » Ouais, c’est ça. Heureusement (?) les « hits » ne sont qu’une partie de ce que la compilation offre, voyons voir si elle apporte quand même quelque chose de plus.
D’abord, le premier cd est encadré par deux inédits en fait assez décents, et un peu moins safe que d’habitude. Ensuite, le second cd est composé de faces B et d’inédits de qualité inégale, mais Look Alive, Pantomime, While All The Vultures Feed auraient pu se retrouver sur le premier disque. Là aussi, on se demande où se trouve Make a Move, Follow ou encore Crowded Elevator. Le cd se clôture par une version sympathique de Let’s Go Crazy (Prince), même si on ne voit pas trop l’intérêt de réécouter la compilation. Et c’est là qu’Incubus (enfin, Sony) était censé avoir une idée de génie : l’achat de la compilation donne droit à un code, qui permet de débloquer « The Vault », soit plus de 500 mp3/vidéos. Sympa? Oui, en principe. Sauf que dans les 500 morceaux en question, on retrouve déjà tous les albums/singles/vidéos officielles, réduisant les vraies raretés à peau de chagrin. Mais finalement, quand on voit la qualité moyenne du catalogue d’un groupe assez insignifiant, on n’a pas vraiment de raison de vouloir entendre des raretés. Mais j’aime bien la pochette.