Archives de catégorie : Ressorties et Compilations

The Beta Band – Music : the Best of The Beta Band

Le Beta Band n’existe plus, victime de l’absence de succès commercial, ce qui à long terme peut être très dommageable. Tout avait bien commencé, avec une série d’EP excellents, compilés sur The Three EPs. Dry The Rain, qui fait les beaux jours du personnage de John Cusack dans High Fidelity est un morceau phénoménal, emmené (comme la majorité des morceaux du groupe) par un groove très solide, aux influences parfois hip-hop. La suite ne déçoit pas non plus, et on est abasourdi par la créativité du groupe : pas une seconde n’est pas pensée et remplie par des instruments divers et variés, sans que ça ne nuise jamais à la qualité des morceaux.

Une chanson du Beta Band obéit à ses propres règles, c’est sans doute pour cela que le succès n’est jamais venu. Steve Mason marmonne plus qu’il ne chante, et les refrains ne sont pas toujours vraiment évidents. L’album est arrangé par ordre chronologique, ce qui est intéressant, car on peut voir l’évolution progressive du groupe, qui devient petit à petit plus posé, plus romantique (la charmante ballade To You Alone, ou la magnifique mélancolie de Gone). En plus, le groupe n’a vraiment pas eu de chance : là où un hit pouvait se profiler avec Squares, un autre groupe a sorti un morceau basé sur le même sample (Daydream de Wallace Collection, groupe obscur partout sauf en Belgique, d’où ils proviennent), ce qui a évidemment empêché BB de le sortir en single…

Enfin, force est de constater que le dernier album n’atteint pas le niveau des autres, et même si ce best of reste d’excellente facture, il a tendance à faiblir sur la fin. Et comme pour chaque best of, on chicanera sur les oublis.

Le Beta Band, on l’oubliera bien vite. Mais il suffit de faire tourner un de leurs premiers disques pour le regretter immédiatement, et ce best of est le témoignage d’un groupe dont le génie restera à jamais méconnu.

Deftones – B-Sides and Rarities

En 2005, les Deftones peuvent légitimement être considérés comme des vétérans. Avec Korn, ils sont responsables du bon côté du mouvement nu-metal (avant la période Linkin Bizkit), et comme Korn, ils continuent leur chemin sans trop se soucier du succès commercial. Après quatre albums, le leader Chino Moreno s’est consacré à son excellent projet Team Sleep, et en attendant un nouveau Deftones début 2006, c’est un package cd/dvd auquel on a droit.

Passons rapidement sur le dvd, qui comprend documentaires et clips, pour se concentre sur le cd de raretés. Ce genre d’album n’est vraiment utile qu’en de rares occasions, et sert plus à finir un contrat avec un label plus qu’à autre chose. Ici ce n’est absolument pas le cas, car B-Sides and Rarities montre un côte des Deftones tout à fait méconnu par ceux qui ne connaissent que leurs albums.

Car s’il y a bien une chose que le groupe fait mieux que les autres, c’est bien les reprises. Wax and Wane (Cocteau Twins), Simple Man (Lynyrd Skynyrd), No Ordinary Love (Sade) : trois exemples d’artistes à l’univers musical très éloigné de celui des Deftones, ce qui n’empêche pas ces derniers de complètement se réapproprier les morceaux. Ces trois reprises fonctionnent le mieux, mais on trouve aussi du Duran Duran, Smiths, Cure ou Helmet.

Ensuite, on retrouve quatre morceaux d’album arrangés différemment : sans vraiment être cruciaux, on peut toujours apprécier ces versions, tout en préférant les originales. Enfin, deux inédits complètent le disque, dont un morceau rapcore avec B-Real (Cypress Hill).

Que du bon, voire du très très bon : la voix de Chino Moreno fait des merveilles, et est d’une finesse jamais entendue dans le metal, alors que le groupe se met toujours au service de la musique, sans jamais sombrer dans le bourrinage classique.

On regrettera juste quelques étranges omissions, comme une reprise de Weezer dont le groupe est spécialiste, voire quelques raretés connus des fans.

Ceci dit, B-Sides and Rarities reste un album exceptionnel, et qui, quand on connaît bien le groupe, n’est finalement pas si surprenant que ça.

Michael Jackson – The Essential

Je l’avais déjà dit pour Iggy Pop, et je dois le répéter : le monde est cruel. Demandez à dix types dans la rue ce qu’ils pensent de Michael Jackson, et peu de monde va parler de sa carrière musicale. Pour preuve, une quatrième compilation de Jacko vient de sortir, sans aucune communication. Résultat, alors que c’est la première fois que toute sa carrière est représentée, le double album s’est vendu à 8000 exemplaires aux USA. 8000.

Pourtant, c’est un résumé complet pour un artiste qui a révolutionné le monde musical, même si sa période de grâce fut assez courte.

La compilation commence avec un très jeune Michael Jackson, en solo (Rockin Robin très inspiré des classiques rock n roll, la ballade Ben, dédiée à un hamster, si si) ou avec ses frères, formant d’abord Jackson 5 (les très enfantins et limite pénibles ABC, I Want You Back) puis The Jacksons (Blame It On The Boogie et Shake Your Body, qui commencent à créer le template de ce que sera le MJ classique).

Michael quitte Motown, rejoint Sony, et sort sa première bombe : Off The Wall. On ne présente plus Rock With You et Don’t Stop Til You Get Enough, monstres de dancefloor à la production subtile et efficace. She’s Out Of My Life, ballade classique, montre la qualité alors exceptionnelle de la voix de Michael.

Un dernier retour avec The Jacksons, Can You Feel It, et Michael était prêt à devenir The King of Pop. D’abord, un duo avec Paul McCartney (à l’époque où leurs relations étaient encore bonne, maintenant, Macca refuse l’utilisation de Say Say Say pour cette compile), The Girl Is Mine, premier des sept morceaux (sur neuf) de Thriller (1982) repris ici.

Ensuite, une procession infinie de hits : Thriller, et sa ligne de basse funkier-than-fuck, Beat It, crossover pop et heavy metal, riffs de Steve Lukather, solo d’Eddie Van Halen ; Wanna Be Startin’ Somethin’, où la diction particulière de Jackson se fait entendre, avec des influences gospel ; PYT, et son utilisation de vocoder, ou encore, et surtout, l’immense Billie Jean.

Chaque seconde de ce morceau est inoubliable, l’intro de batterie puis basse, le thème assez politically incorrect du morceau, et la production de Quincy Jones, qui va jusqu’à ajouter des claquement de fouets explicites. Sans oublier que MJ lui-même a écrit ce morceau, un des plus extraordinaires de l’histoire de la pop, et précurseur (malheureux) de la pourriture RnB actuelle.

Thriller reste toujours l’album original le plus vendu de tous les temps. Tout cela est très bien, mais malheureusement, à partir de maintenant, chaque album de MJ sera moins bon que le précédent.

Cinq ans après, Bad et ses neuf singles voient le jour. Michael marque un pas important en terme de composition : il a écrit 9 morceaux sur 11, tout en co-produisant l’ensemble. C’est aussi ici que ses innombrables tics commencent à sérieusement irriter. Quasi pas une seconde de musique ne passe sans qu’il ajoute ses marques de fabrique, du genre « cha’mone » et cris perçants. Un peu, ça va, beaucoup…

Tout aussi irritant, la propension de MJ et surtout de Sony à faire de chaque sortie Jackson un événement extraordinaire : le clip de Bad est un film de 40 minutes réalisé par Martin Scorsese et Liberian Girl, de Spielberg, comprend plus de guest stars que dix ans de Friends.

Musicalement, ça devient aussi moins bien : Bad est une tentative ratée d’égaler le metal pop de Beat It, The Way You Make Me Feel est répétitif, tout comme les bons sentiments de Man in The Mirror. Restent quand même des bons moments, comme le très tendu Dirty Diana ou le bizarre Smooth Criminal.

L’album se clôture avec la première apparition d’un thème qui deviendra omniprésent dans la vie de MJ : son désir de vouloir vivre une vie normale, à l’abri des tabloïds. Ce qui aurait été possible, s’il n’avait pas complètement pété un câble. Ou deux.

Quand Jackson revient, le monde musical change : le rap/hip-hop devient la tendance du moment. Maintenant, la musique commerciale n’appartient plus aux compositeurs, mais aux producteurs. Et avant Timbaland, Kanye West et Pharrell, Teddy Riley était numéro 1. C’est donc à lui qu’à été confié Dangerous, sorti en 1991. La démesure est encore plus de rigueur : les clips font apparaître Michael Jordan, Macauley Culkin, Eddie Murphy ou Iman, mais musicalement, on est proche, d’esprit, avec la soupe MTV contemporaine. Ce qui m’a surpris : à ce niveau-là, rien n’a vraiment changé depuis.

Les morceaux corrects se comptent sur les doigts bandés de MJ : le sulfureux In The Closet, en duo avec Stéphanie de Monaco (suite au refus de Madonna), et Who Is It. Pire, les ballades atteignent un niveau d’écœurement impressionnant, surtout quand The Essential propose en succession Heal The World et Will You Be There (avec son clip où Michael se prenait pour Jésus, autre prophète persécuté, on suppose). Ca n’a pas empêché l’album de se vendre solidement, mais la réputation de MJ devenait aussi entachée que sa vie privée.

Ensuite, un des titres les plus pompeux possibles : HIStory : Past, Present and Future, Book One, rien que ça (soit dit en passant, on attend le Book Two. Ou peut-être pas, finalement).

Sony commençait à piger qu’un nouvel album n’intéressait plus trop de monde, résultat, un disque de nouveaux morceaux, et un autre de best of. On ne retrouve que trois extraits de cet album ici, les passables mais peu subtils Earth Song (avec un final où Michael prouve que sa voix peut encore faire des miracles) et They Don’t Care About Us (superbe hymne parano où MJ se compare aux juifs lors de la Shoah, pas moins), ainsi que You Are Not Alone, composé par R. Kelly, autre amateur de fricotage avec mineurs. L’horrible et insupportable duo avec Janet, Scream, est heureusement omis, tout comme le reste de ce pitoyable album, où se trouvaient aussi une reprise médiocre des Beatles (Come Together) et une attaque frontale contre le méchant procureur Tom Sneddon qui veut tant de mal au gentil Bambi.

Bambi, qui sort ensuite son court métrage Ghost, accompagné d’un album de remixes et cinq inédits (dont aucun ne se trouve ici), et enfin son dernier flop magistral, Invincible (tu parles) né de l’irréalisme de son team qui a refusé l’offre (!) de Pharrell qui aurait bien voulu produire ce disque, très vite oublié.

Sony se contente maintenant de sortir best of et anthologies, mais c’est certainement ce double cd, The Essential Michael Jackson, qui éclaire le mieux une carrière aussi passionnante que pathétique, où le génie extraordinaire a côtoyé le médiocre minable. Et comme il est fort probable que notre homme ne sortira plus jamais rien de nouveau, cette dernière sortie nous pousse à se procurer très vite Off The Wall et Thriller, et rien d’autre.

Iggy Pop – A Million In Prizes : The Anthology

Le monde est injuste. Pourquoi, lorsqu’un des groupes les plus importants de l’histoire du rock’n roll se reforme, on n’en parle que très peu, et lorsque ce même groupe part en tournée, tout ce qu’on leur propose sont les festivals de losers de Nandrin et Lokeren. Heureusement, sort une anthologie du leader de ce groupe, le tout aussi légendaire James Osterberg. Un nom très peu RnR, d’où son nom de scène : Iggy Pop.

A Million In Prizes reprend les temps forts de l’Iguane, en commençant par des extraits des trois albums des Stooges, qui plombent la fin des sixties avec des guitares acérées, un rythme lourd, des paroles désabusées et la gouaille inimitable d’Iggy : No Fun, I Wanna Be Your Dog, Search And Destroy sont définitivement trois des plus extraordinaires morceaux rock de tous les temps. Ensuite, Iggy cherchera sa voie, avec plus ou moins de succès (comme son ex-coéquipier David Bowie). Ce qui fait que l’anthologie est par moments moins essentielle, mais elle retrace l’entièreté de la carrière d’Iggy. Lust For Live et The Passenger la relancent, et à raison : la basse de Lust for Life est une des plus reconnaissables et copiées.

Le second disque montre ses talents vocaux, et une incroyable voix de crooner, des duos avec Kate Pierson (B-52s) et Debbie Harry, deux morceaux live (Tv Eye, Loose) et se conclut sur des extraits des albums récents, dont le dernier, Skull Ring, qui a vu la participation des ex-Stooges pas encore réunis, et de « jeunots » comme Sum 41 ou Green Day.

Même si la qualité est évidemment inégale, une anthologie d’Iggy Pop se doit de figurer dans tout discothèque d’amateur de musique rock au sens très large.

Mais le monde est injuste quand même, parce que ça ne se vendra pas aussi bien que ça devrait.

The Offspring – Greatest Hits

Après sept albums, le groupe punk californien Offspring passe par la case best of, et ouvre ainsi la saison des compilations. Première remarque, pour un groupe à la carrière longue et remplie, 14 morceaux, c’est assez court. En fait, la compilation insiste surtout sur les singles assez récents, et ignore complètement les deux premiers albums. Après un inédit assez sommaire, arrivent les 3 extraits de Smash, qui a permis à Offspring de se faire connaître : Self Esteem pompe joliment Smells Like Teen Spirit, et Come Out And Play commence ce qui va se révéler être une caractéristique du groupe : les gimmicks. Sur ce morceau, c’est une mélodie de charmeur de serpents, Pretty Fly For A White Guy et Original Prankster jouent la carte hip-hop ironique, alors que Hit That a sans doute été composé partiellement sur Game Boy.

Rien de bien intéressant sur cette compile, mis à part le punk speedé de All I Want et le nu grunge Defy You. Offspring n’est certes pas le meilleur groupe du siècle, mais ils ont définitivement des morceaux meilleurs que ceux-là, il est vraiment dommage d’avoir basé cette compile sur leur passé récent. Á noter en piste cachée, une reprise anecdotique de Next To You de Police.